La réforme des retraites, dont le projet de loi sera présenté en Conseil des ministres le 18 septembre, mais dont les grandes lignes ont été exposées hier soir par le Premier Ministre, n’est peut-être pas l’idéal dans l’absolu, mais il va dans le sens de la sauvegarde du système par répartition et la correction des inégalités, des thèmes chers aux militants de la CFDT. Il reprend notamment quelques avancées qui étaient poussées par la Confédération, concernant l’égalité hommes-femmes, les précaires, la pénibilité.
On peut toujours vendre de l’illusion, manifester, vitupérer contre l’allongement du nombre des annuités, poser pour un retour aux 40 ans et une retraite à taux plein à 60 ans, taxer les entreprises, dire que la seule façon de financer cela et rétablir l’équilibre des comptes sociaux est de retrouver le plein-emploi… Sauf que le plein-emploi, cela ne se décrète pas. Et le mécanisme économique est un peu plus complexe dans un système mondialisé. On se gardera donc de jeter le bébé avec l’eau du bain…
Les avancées du projet
• PENIBILITE. Parmi les points avancés par Jean-Marc Ayrault, on trouve notamment la création d’un compte pénibilité, qui sera abondé par les entreprises et profitera aux salariés effectuant les tâches les plus difficiles, qui pourront ainsi profiter plus tôt d’une retraite à temps plein. Seront concernés, environ 20% des salariés du privé. « C’est une évolution majeure du système« , souligne-t-on à la CFDT.
• APPRENTISSAGE ET JEUNES. Dans ce projet, les années de travail et de formation des apprentis seront prises en compte. Les étudiants, eux, pénalisés par une entrée tardive sur le marché du travail, pourront racheter leurs années d’études à concurrence de 12 trimestres.
• PRECAIRES ET CHOMEURS. Il est prévu la réduction de 200 à 150 heures au SMIC pour valider un trimestre de travail, ce qui favorisera les salariés précaires et à temps partiel, notamment les jeunes femmes, les plus touchées par la sous-activité. Pour les salariés privés d’emploi, la réforme prévoit de prendre en compte deux trimestres supplémentaires de chômage. Les avantages obtenus en 2003 par la CFDT en faveur des carrières longues sont donc confirmés et renforcés.
• EGALITE HOMMES-FEMMES. Les congés maternité seront mieux pris en compte et, au-delà de 2020, la forfaitisation d’une partie des droits familiaux devrait permettre de réduire les écarts de pension entre hommes et femmes.
Ce qui a été évité
• Le Gouvernement s’est engagé à ne pas financer les retraites par la CSG.
• L’âge du départ à la retraite reste fixé à 60 ans.
• Pas de baisse des pensions.
• L’option d’arrivée à 44 années de cotisation pour une retraite à temps plein n’a pas été retenue.
Les contreparties
• L’augmentation des cotisations sera partagée entre salariés et entreprises. La hausse sera de 0,15 % en 2014, puis de 0,05% en 2015, 2016 et 2017 pour arriver au total à +0,3 point.
• L’augmentation de la durée de cotisation sera progressive, à raison d’un trimestre tous les trois ans, pour passer de 41,5 ans pour les assurés nés en 1956 à 43 ans en 2035, pour les assurés nés en 1973.
• Les retraités seront eux aussi, mais modestement, mis à contribution par le décalage de la revalorisation annuel des pensions du 1er avril au 1er octobre ; et la fiscalisation (comme le reste de la pension) de la majoration de 10% accordée aux parents de 3 enfants .
L’ensemble de ces mesures devrait permettre de dégager 7,3 milliards d’euros et devrait donc pérenniser le système des retraites par répartition. Mais hélas, personne ne peut aujourd’hui jurer qu’il s’agit de l’ultime réforme. Il est donc plus que jamais nécessaire de travailler à une politique permettant le retour du plein-emploi, condition sine qua non pour intégrer les jeunes dans un système qui, à terme, devra aussi leur profiter.