Certains estimeront peut-être qu’un syndicat n’a pas à prendre position dans une élection politique. Et pourtant. L’annonce d’une possible liste Front national à la prochaine élection municipale de Gournay (L’Eclaireur du mercredi 23 octobre) nous interpelle et nous afflige, tant le programme de ce parti reste essentiellement antisocial et à mille lieues des intérêts des salariés. Il faut le dire et le rappeler : les thèses véhiculées par le FN sont incompatibles avec les valeurs de la CFDT.
REPONSES SIMPLISTES ET POPULISTES. Afin de mieux « connaître les préoccupations et les souhaits » des Gournaisiens (sic), les frontistes leur ont adressé un « questionnaire » aux questions bien orientées. Le premier point « étudié »‘ porte sur l’emploi et le chômage : « face au fléau du chômage et des destructions d’emplois, quelle(s) action(s) attendez-vous des pouvoirs publics« , est-il demandé, comme si la question de l’emploi relevait de l’action du maire. Les réponses possibles laissent toutefois apparaître en filigrane la pensée simpliste et populiste du Front national en ce domaine : « diminuer des impôts locaux pour donner de l’oxygène aux entreprises de la ville ; favoriser l’orientation des demandeurs d’emploi vers les entreprises de la région ; protéger notre économie en restaurant nos frontières afin d’éviter que nos entreprises subissent la concurrence sauvage de pays à très bas coûts de main d’oeuvre ; stopper l’immigration, utilisée par la haute finance pour peser sur la baisse des salaires« .
UN FOND DE RACISME. On passera sur l’aspect sécuritaire, le cheval de bataille non idéologique des « marinistes », pour souligner le fond raciste qui ressort de l’ensemble de cette enquête : « pensez-vous que les différentes aides et prestations sociales accordées par le CCAS devraient être réservées en priorité aux Français ? » (chapitre social) ; « diriez-vous que l’insécurité est souvent liée à une immigration non contrôlée ? » (chapitre sécurité) ; « dans notre ville, l’immigration vous semble excessive, faible, raisonnable ? » ; « pensez-vous qu’il serait normal que les emplois, les logements et les aides sociales soient prioritairement réservées aux Français ? » (chapitre immigration) ; « diriez-vous que l’action culturelle municipale défend la culture et l’identité françaises ? » (vie associative et culturelle) ; « souhaiteriez-vous que l’accès aux logements sociaux soit réservé en priorité aux Français ? » (logement) ; « y a-t-il des problèmes persistants dans l’établissement scolaire [de vos enfants] : racket, drogue, vol, violence, communautarisme ? » (enfance et scolarité)… Le tout entre deux questions anodines et consensuelles sur l’image du commerce à Gournay, la circulation, l’accès aux soins ou encore l’aide nécessaire aux personnes handicapées.
Au passage, les « Marinistes » font feu de tout bois, essayant de fédérer les mécontents face à la mise en place de la redevance incitative qui fait tant débat à Gournay, mais la ficelle est un peu grosse.
«Le FN n’a pas de programme crédible, il nous emmène dans une impasse économique et sociale », c’est un danger pour notre société, pour l’économie et les salariés», souligne ainsi Laurent Berger, le secrétaire national du syndicat.
Non, les salariés, les retraités, les gens modestes n’ont rien à gagner du vote Front national. Non, le Front national n’est pas une solution pour sortir de la crise, qui prône le repli et l’individualisme. Si les Gournaisiens « ont la parole », comme le proclame le tract, qu’ils la prennent, pour dire clairement non au Front national et à son idéologie d’arrière garde !
• A lire également, un article du Nouvel Observateur sur les positions des syndicats sur le FN : (cliquer ici).